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les contes du réel
9 janvier 2019

Les légendes des chevaliers de la quadrature du cercle

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Livre I - Le combat contre la sorcière bleue

Chapitre 3 - La bataille des 64446 urnes sacrées 

Publié le 22/5/2017

suite du Chapitre 2

 

 

   À cette heure d’obscure clarté où la nuit fuit devant le jour, le prince Emmanuel, juché sur son magnifique étalon blanc, contempla la plaine immense où aurait lieu la bataille. A l’ouest, à perte de vue, les feux dressés par ses armées brillaient, illuminant l’aube naissante. Cette vision réchauffa le cœur du prince. Il tourna ensuite son regard vers l’est et vit des colonnes de poussière monter de la terre dévastée par les hordes de la sorcière bleue. Elles étaient conduites par Florian l’apprenti sorcier, confident et favori de la magicienne. Descendant des marches du nord, une autre armée était commandée par la sorcière bleue en personne. Au centre, Nicolas le Fourbe était à la tête de troupes braillardes et indisciplinées auxquelles il avait du mal à s’imposer. Lorsque le soleil parut enfin, depuis le promontoire où il se tenait, le noble prince abaissa son bras droit pour donner le signal du départ. D’un seul mouvement, depuis l’Armorique fidèle, l’Occitanie enjouée, la Guyenne secrète, la Picardie tenace, l’Artois fière, la Champagne généreuse, la Bourgogne fertile, de toutes les provinces du royaume, les partisans du prince se mirent en marche d’un pas déterminé et régulier. Hommes, femmes, de tous âges et de toutes conditions, ils montaient à la bataille en chantant d’un même cœur un hymne à la Joie.

 Le combat dura tout le jour. Le premier choc eut lieu au centre où les troupes de Nicolas le Fourbe, à peine engagées, se débandèrent en criant à la trahison, leur chef s’étant enfui précipitamment pour se terrer dans son antre en attendant des jours meilleurs. De ce jour, il fut appelé Nicolas le Couard.

 Cependant les troupes de la sorcière bleue, après d’âpres combats, s’étaient emparés du mont Enyn qu’on appelait le beau mont d’Enyn. Ayant pris la rive orientale puis occidentale, ils entreprirent la construction d’un pont de fortune qui leur permit de faire traverser l’Yser à leurs armes de siège. Ils commencèrent alors à assiéger la ligne du Mage Yneau. Cette ligne était en réalité un mur circulaire long de dix lieues construit afin de protéger les champs et les fermes de la plaine de la Bosse ainsi que la cité des seigneurs du Gond-Nor réputée pour ses anciennes mines et le raffinement de ses étoffes. Les assiégeants détruisirent le mur, pourtant édifié par un adepte de magie noire, avant d'investir le Gond-Nor, brûlant fermes et champs qui s'élevaient sur leur passage. Cela fait, ils s'établirent devant les murs blancs de la cité des seigneurs du Gond-Nor que leurs armes de siège ne tardèrent pas à pilonner. Ne disposant d'aucune arme comparable, les défenseurs de la cité regroupés autour de Dame Martine, seule rescapée de la glorieuse armée des Mites Errantes ne pouvaient pas riposter. Courant de droite à gauche, les émissaires du prince Emmanuel, le sorcier GeaiRare le Gris devenu GeaiRare le blanc depuis son ralliement au jeune prince, venu de l’antique cité des Gaules, et le seigneur Bertram des Francs Hauts tentaient de rallier les combattants pour maintenir la résistance de la capitale du Gond-Nor.

 Malgré tout, les hommes du Gond-Nor tenaient bon. Cependant, les hordes de la sorcière bleue avaient reçu le renfort des troupes de Florian l’apprenti sorcier. Celui-ci ayant réussi à franchir l’impénétrable forêt des Ardennes put faire la jonction avec l’armée de la magicienne qui commençait à montrer des signes de faiblesse. Ce soutien inespéré galvanisa leurs troupes qui redoublèrent de brutalité et de cruauté dans le combat. Heureusement, le mage à l’œil de verre, devenu sénile depuis sa rupture avec sa fille prodigue, lançait des imprécations sur tous les combattants, ciblant aussi bien les assaillants que les assiégés. Néanmoins, la situation des défenseurs du Gond-Nor devenait critique et alors que leur effondrement semblait imminent, un cor retentit, signalant l’arrivée des troupes de François le Béarnais, fidèle allié du prince Emmanuel. Guidés par les Hommes des Bois de la forêt de Hulot, l’armée du seigneur du Juste Milieu parvint à franchir la porte d’Or par un accès non surveillé, prenant les forces des mages noirs à l’improviste en les attaquant par derrière.

 Cette percée marqua le tournant de la bataille. A dater de ce moment, plus jamais les cohortes de la sombre enchanteresse n'eurent l'initiative. Elles reculaient pied à pied, défendant chèrement chaque pouce de terrain conquis. Cependant, l’issue demeurait incertaine et la lutte semblait ne devoir jamais cesser. C'est alors que le prince Emmanuel lui-meme parut à la tête d'une immense armée marchant en ordre serré et d'un pas cadencé. Un vent de panique saisit les troupes de la sorcière bleue qui se mirent à refluer dans un désordre imprescriptible. Des clameurs de joie et d’espoir jaillirent des rangs des assiégés avec une telle intensité qu’elles firent vibrer les inébranlables murailles de la glorieuse cité du Gond-Nor. Une rumeur enfla et se propagea parmi tous les combattants, la sorcière bleue avait fui, désertant une fois encore le champ de bataille. On disait qu'elle était partie se terrer dans sa  forteresse, ayant abandonné ses troupes pour éviter d'être capturé. Seul Florian l’apprenti, continuait le combat, se battant avec l’énergie du désespoir et refusant toute reddition. Mais les hordes de la sorcière bleue étaient prises en tenaille entre les forces  du seigneur François le Béarnais et celles du prince bienveillant. Malgré une résistance acharnée, notamment de Florian le jeune sorcier qui se battait jusqu'à la mort, le Gond-Nor fut libéré au crépuscule. A la fin du jour, la victoire du prince Emmanuel était totale et éclatante. Magnanime, celui-ci refusa de mettre à mort les soldats perdus de la sorcière, en particulier Florian l’apprenti, grièvement blessé mais toujours vivant. Entre les Francs, le sang devait cesser de couler.

 Le champ de bataille était jonché de corps et la terre gorgée de sang. Cette vision serra le cœur du prince. Tant de souffrances avaient été consenties pour obtenir la victoire, une victoire si chèrement acquise au prix de milliers et de milliers de vies broyées et mutilées. Devant ses troupes rassemblées en silence pour honorer leurs morts, le prince saisit la garde de l'épée du Suffrage Universel et sans effort la retira lentement de la roche sacrée où elle était profondément fichée depuis le renoncement de François le Batave. Tout le peuple s’agenouilla devant le signe sacré. Le prince Emmanuel, devenu le souverain des Francs, mit un genou à terre et proclama d'une voix forte : « Pour gagner, il faut renoncer à vaincre ! ».

  Une nouvelle ère commençait pour la nation franque. Serait-elle une période de luttes intestines, de passions tristes et de haines fratricides où annonçait-elle des temps de réconciliation, d’espoir et de renouveau ? Nul ne connaissait l’avenir, pas même les plus puissants mages, mais chacun, y compris le plus humble des sujets, pouvait y contribuer.

 À suivre…

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